La séance commence par quelques évocations du patient, souvenirs, sensations, fictions, etc…, qu’il met en scène en distribuant les rôles avec l’aide du meneur de jeu.
Puis les acteurs et le patient se rendent dans la partie de la pièce qui, par convention, est désignée comme espace scénique. Là, à partir des idées qui leur sont venues, les uns et les autres laissent se développer un jeu. Une évocation conflictuelle tolérable s’y glisse le plus souvent, permettant de déployer toute une palette de figurations. Éléments désavoués ou rejetés, résistances à des désirs refoulés, renvois à l’enfance ou à d’autres spectres d’identité sont mis en place. Les protagonistes bougent, ébauchent des gestes évocateurs sans pour autant dépasser le registre de l’allusion
Des enfants diraient « qu’on-fait-comme-si » et les contacts, s’ils existent, sont discrets, jamais insistants ni a fortiori hors du domaine de l’allusif.
Le meneur de jeu, en attention flottante, perçoit les déplacements de chacun, les ébauches de fantasmes, les manifestations de défense, les chorégraphies et prosodies privées auxquelles il peut répondre soit par l’envoi de nouveaux acteurs, soit par quelques directives, soit par l’arrêt d’une scène à un moment marquant de celle-ci, l’idéal étant de pouvoir donner à cet arrêt, dans un moment de vérité symbolisant pour le patient, une valeur de scansion.
Les jeux s’enchaînent les uns aux autres en fonction des associations qu’ils suscitent.
Dans une équipe suffisamment rodée, la confiance mutuelle des analystes et du patient permet d’éviter les blessures narcissiques. Le narcissisme du patient, nécessaire, est soutenu par des interventions indirectes du meneur de jeu : rôles de doubles, repérage des mouvements d’insight, arrêts de scènes qui pourraient gêner par trop le patient ou un acteur, respect des émotions des uns et des autres.
L’essentiel des interprétations se fait par le jeu, mais elles se font aussi comme dans une cure classique, sous la forme d’interprétations dans le transfert. Pour des raisons d’indications, les constructions se font plutôt dans les jeux de même que les interprétations de transfert rendues ainsi plus tolérables et accessibles. Des interprétations groupales, concernant les mouvements psychiques de l’ensemble des participants sont aussi possibles.